Synopsis court-métrage - Chute libre

William Radet

Idée de court-métrage

Chute libre

 

Un chat.

Semble attendre face à la porte d’entrée d’un petit appartement.

On entend et on voit tourner le verrou.

Une femme entre radieuse mais essoufflée, suivie d’un homme en costume gris

et lunettes noires. Elle dit « C’est haut, sept étages. » Lui n’a pas l’air essoufflé.

Le chat disparaît dans la chambre.

Elle y entraîne l’homme.

Le chat est droit sur le lit.

La femme jette ses vêtements en vrac, saute dans le lit et se cache sous les draps.

Elle ne s’occupe pas du chat qui reste au bout du lit, immobile et sévère.

 

L’homme se déshabille avec calme.

Il plie et range sur une petite chaise de bois ses vêtements avec beaucoup de soin.

L’homme nu se tourne vers le lit.

La femme pousse les draps violemment et rit aux éclats en lui offrant son corps.

Il vient sur elle. Elle n’a pas le temps de le caresser.

Il est comme une machine infatigable.

 

Le chat reste immobile… désapprobateur.

 

Une petite moue de bonheur anime le beau visage de la fille endormie.

En souplesse, l’homme se dégage de l’étreinte fragile, se glisse hors du  lit.

Il s’accroupit devant le chat et le fixe, les yeux dans les yeux.

Il dit froidement « Je n’aime pas les chats » se relève et parvient sans bruit jusqu’à la cuisine.

Il se penche à la fenêtre restée ouverte sur une douce soirée d’automne, fait couler doucement l’eau du robinet, absorbe une longue rasade et revient vers la chambre.

 

Il s’approche d’elle, glisse avec délicatesse ses deux bras sous elle et la soulève sans peine. Elle marmonne quelque chose qui semble tendre et se laisse emporter, nue, souriante et inconsciente vers la cuisine.

Devant la fenêtre, elle frissonne un peu et se serre  plus fort contre lui, sans jamais ouvrir les yeux. Il la hisse jusqu’au rebord.

 

Une cour d’immeubles en brique rouge avec neuf étages de familles modestes qui regardent la télévision. Ombres chinoises à tous les étages. Des carrés jaunes, des corps noirs, immobiles, une musique de cirque...

 

Dans la cuisine du septième gauche,

l’homme lâche prise et la jeune femme disparaît dans le noir... sous les applaudissements.

….

L’homme est assis à une terrasse et déplie un journal. Une grande photo en noir et blanc.

Vue d’en haut, une femme nue, gît sur le dos, les bras écartés, morte

Un gros chat sur son ventre regarde vers le ciel.

L’homme froisse le journal et le jette dans une poubelle.

 

FIN

 

 



Cette idée de court-métrage s’inspire de ma nouvelle « Dans la cour »

 

Dans la cour  

            Un cri... très loin.

          

            Elle a conscience que ce cri sort d’elle et cesse son va-et-vient. Ses yeux s’ouvrent sur le costume gris, soigneusement posé et plié sur le dos de la chaise. Une chaise de style un peu boiteuse, que sa mère lui a laissée, parmi tant de petites choses un peu cassées ou dépareillées elles aussi.

 

            L’homme gémit sous elle, les yeux clos. Elle a eu tout le temps de le caresser. D’abord très tendu, noueux, serré comme un cordage, il a fini par se laisser complètement aller. Un brin de laine. Elle est heureuse et inquiète, sans trop savoir pourquoi. Il a enfin répondu à ses caresses, mais avec une violence soudaine et s’est raidi jusqu’à devenir une mécanique infatigable, étonnante et excitante. Elle, toute de perles humides, le sent encore immobile et dur, roide. Silencieux, il garde maintenant les yeux fixes vers le plafond. Elle se soulève en tournant pour le goûter encore, libère le sexe luisant de son étui et se laisse tomber à ses côtés.

            La jeune femme s’endort, collant ses seins contre le dos de l’homme éveillé, l’épousant de tout son corps. Le regard de l’homme parcourt la petite chambre un peu provinciale. La porte d’une armoire à glace ouverte laisse voir des serviettes et des torchons à plat, bien rangés. Tout ici semble serein, anodin.

 

            En souplesse, il se dégage de l’étreinte fragile, se glisse hors du lit et parvient sans bruit jusqu’à la cuisine. L’homme se penche à la fenêtre restée ouverte sur une douce soirée d’automne, fait couler doucement l’eau du robinet, absorbe une longue rasade et revient sans bruit vers la chambre. Une petite moue de bonheur anime le beau visage de la fille endormie.

 

            Il s’approche d’elle, glisse avec délicatesse ses deux bras sous elle et la soulève sans peine. Elle marmonne quelque chose qui semble tendre et se laisse emporter, nue, souriante et inconsciente vers la cuisine.

            Devant la fenêtre, elle frissonne un peu et se serre  plus fort contre lui, sans jamais ouvrir les yeux. Il la hisse jusqu’au rebord.

 

            La cour est presque ronde, une cour d’immeubles en brique rouge avec neuf étages de familles modestes qui regardent la télévision. Ombres chinoises à tous les étages. Des carrés jaunes, des corps noirs, immobiles, une musique de cirque...

 

            Dans la cuisine du septième gauche, l’homme lâche prise et la jeune femme disparaît dans le noir... sous les applaudissements.

 

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