Synopsis court-métrage - Vélo volé

William Radet

Idée de court-métrage

Vélo volé

 

 

Sur la berge d’un fleuve un homme est appuyé contre le cadre de son vélo.

Il semble fatigué. Il fume. Il porte une tenue négligée, vaguement sportive.

Sa bicyclette, elle, rutile, nickelée, avec des belles sacoches rouges et blanches et des trucs qui pendouillent comme sur les vestes des cow-boys.

Il rêvasse visiblement en regardant l’eau s’écouler.

Il jette son mégot d’une pichenette et fouille dans ses sacoches.

Il sort un crouton de baguette et se fabrique un petit sandwich au pâté de foie.

Une radio diffuse la chanson « A bicycletteee... »  

 

Un personnage qui arrive sur sa gauche.

Il n’a rien d’un sportif ; il n’en a pas les couleurs...

Costume gris, lunettes noires, apparemment sans but.

 

Avec un air de dégoût, le cycliste jette le gras et la gelée du pâté vers la rivière.

Il entend alors un petit frottement dans les feuilles mortes, un petit grattement, intermittent.

Il pose sa bicyclette délicatement et se dirige vers la rive du fleuve. Tout au bord.

Il ne voit rien, s’approche, encore, se penche un peu... peut-être un rat sous les berges.

 

Au pas rapproché du personnage en costume gris, il se retourne et sourit par simple politesse. Le costume gris maintenant tout proche ne sourit pas.

Il est de plus en plus près, impassible.

Soudain, les mains jaillissent des poches et poussent dans le fleuve

le cycliste qui se débat un peu ; il ne sait pas nager. Il disparaît dans le courant.

 

L’homme au costume gris redresse le vélo et pédale tranquillement vers la ville.

 

Il arrive devant un bar, pose sa bicyclette contre un vélo de femme. Il entre.

Les guidons s’enchevêtrent d’eux-mêmes.

 

Une très belle fille sort du bar. L’homme sort du bar derrière elle.

La fille tente de démêler les guidons. Il l’aide.

Elle rit elle dit « Ha , c’est à vous ! Mais vous en avez un beau vélo ! »

Ils enjambent les bicyclettes.

 

FIN n° 1

Vus de dos. Elle toute pimpante, lui tout gris. Roulent sereinement côte à côte.

 

FIN n° 2

Vus de dos. Elle toute pimpante, lui tout gris. Roulent sereinement côte à côte.

 

Ils arrivent comme par hasard au bord du fleuve à l’endroit où le cycliste a disparu.

L’homme constate alors que le pneu arrière de son vélo est crevé.

Il le jette avec nervosité dans le fleuve.

Elle lui dit « Vous êtes dingue ! » et s’enfuit en chantonnant « A bicycletteee... »  

 FIN

 



Cette idée de court-métrage s’inspire de ma nouvelle « Au bord du fleuve »

 

Au bord du fleuve

  

            L’homme est appuyé contre le cadre de sa bicyclette.

 

            Il tourne le dos à la rue, aux maisons blanches et fermées. Le fleuve gras et sale roule en silence vers la ville, sous son regard fatigué. Il est très fatigué. Sa bicyclette, elle, rutile, nickelée, avec des belles sacoches rouges et blanches et des trucs qui pendouillent comme sur les vestes des cow-boys.

            Il rêve doucement à l’époque où il venait le dimanche sur les rives du fleuve.                   

Nicole savait nager. Lui, restait sur la berge en préparant des sandwichs au pâté. Il jetait dans l’herbe le gras blanc et la gelée écœurante. Elle disait « Arrête, écoute, ça va faire venir les rats ».

            Ils riaient beaucoup, pour des riens. Elle était chatouilleuse. Ils avaient un tandem. Tout le monde, enfin, le peu de monde qu’ils connaissaient, les trouvait démodés, mais ils s’en fichaient. Ils n’étaient pas aussi heureux qu’ils le disaient.

 

            Maintenant, l’homme profite de son vélo pour fuir. Il fuit son logement du faubourg et l’eczéma de Nicole. Les sportifs fuient souvent ; d’ailleurs il fume une cigarette.

 

            Le personnage qui arrive sur sa gauche n’a rien d’un sportif ; il n’en a pas les couleurs... et s’approche, un peu trop gris, les deux mains dans les poches, apparemment sans but.

            L’homme pose sa bicyclette délicatement et se dirige vers la rive du fleuve. Tout au bord. Il a cru entendre un petit frottement dans les feuilles mortes, un petit grattement, intermittent. Il ne voit rien, s’approche, s’approche encore, se penche un peu... peut-être un rat sous les berges.

            Au pas rapproché du costume gris, il se retourne et sourit par simple politesse.          

  Le costume gris maintenant tout proche ne sourit pas, de plus en plus près, impassible. Soudain, les mains jaillissent violemment des poches et poussent l’homme fatigué dans le fleuve.

 

            Absorbé par l’eau boueuse il émerge un instant pour voir une tache grise s’enfuir au-dessus de ses sacoches rouges.

 

            Au fond du fleuve, les algues caressent un homme qui passe, qui glisse doucement vers la ville.

 

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