Publié le 13 Mai 2010
" Le bleu du fiel "
de William Radet
La Criée - Théâtre National de Marseille
11 Mai 2010 à 20 h
Maryse, près de moi, tout sourire, le programme à la main…
Je vais découvrir ma pièce avec elle, comme tout le monde…
Je suis dans le hall du théâtre à attendre…
La salle ouvre dans 15 mn et il n’y a encore pratiquement personne…
Singulièrement serein, trop tranquille, presque détaché…
On vient me présenter le Directeur du lieu puis une actrice qui a vu les répétitions…
Plus que 5 mn et c’est toujours le désert…
S’insinue alors l’idée qu’il n’y aura personne ou presque…
S’insinue aussi l’idée que les gens peuvent ne pas applaudir, détester...
Et puis j’entre dans la salle et me place au 5ème rang, au centre…
redevenu très tranquille.
Des gens entrent… puis d’autres… et d’autres encore…
Et je reste incognito, bien anonyme parmi la salle maintenant pleine !
J’ai refusé de parler avant. Le directeur présente donc la pièce et l’auteur sans me désigner.
Tout au long du spectacle je découvre mes textes dans leurs nouvelles dimensions… J'entends des choses plus molles ou plus fortes...
Je sens souvent la surprise et surtout les sourires silencieux du public.
Maryse semble parfois émue… je le suis par instant…
Je ris d’aise intérieure aussi parfois, quand mon texte provoque.
Fin…
Des cartes postales bleues tombent en silence des cintres… longtemps…
Le public applaudit. Tout va bien !
Les acteurs reviennent encore saluer et le metteur en scène se joint à eux.
Le public applaudit encore. Tout va bien !
Je reste à ma place. J’écoute ce qui se dit dans les rangs autour de moi.
Les spectateurs commencent à partir…
Imprévu. Le directeur place alors deux chaises sur le devant de la scène et m’invite avec le metteur en scène heureux à échanger avec le public.
Cent cinquante personnes sont restées assises.
Je ne dis pas grand-chose…
Les gens ont aimé visiblement. Les femmes semblent touchées…
On me dit que je parle trop bas… J’écris plus fort que je ne crie, ils ne savent pas…
Les comparaisons sont flatteuses… Boris Vian, Beckett mais je suis assez lucide pour savoir qu’elles servent seulement de repères.
Un homme au premier rang dit que je parle des femmes comme Proust… le bougre ! Quand j’ai écris la pièce je ne l’avais même pas lu !
Maryse est tout sourire au milieu des gradins.
Les comédiens reviennent et nous allons prendre un verre.
Une trentaine de personnes nous accompagnent et parlent autour de moi : des femmes surtout, et aussi des jeunes gens chaleureux qui aiment mes mots et qui veulent en savoir plus.
Quelqu’un dit que cette pièce a sa place au festival d’Avignon.
… mais ceci est une autre histoire, une histoire de commerce, de production… de rencontres.
Que faut-il faire pour figurer un peu plus longtemps ?
Si j’avais fait ma mise en scène… l’entrée en scène aurait été différente… le garçon ne serait jamais suicidé… mais je n’ai pas été trahi au fond ! J’ai été servi ! Et bien servi ! les acteurs comme le metteur en scène ont été si sensibles… si fins… si présents !
LIBERTE D’INTERPRETATION avant tout…
RESPECT pour ceux qui déplacent vers vous, qui travaillent pour vous… pour ceux qui lisent et qui écoutent ce qui a jailli un beau jour de vous…
Ce qui m’importe n’est pas le rire mais le sourire qui flotte un peu longtemps sur les visages des spectateurs et la petite lumière qui les accompagne jusqu’à la sortie.
Je suis heureux en marchant dans l’air frais du vieux port de Marseille !... et encore aujourd’hui.
"Le bleu du fiel" est publié par Chemins de Tr@verses
sur bouquineo.fr lisible en ligne ou téléchargeable
litterature.bouquineo.fr/livre/william-radet/le-bleu-du-fiel/77
Merci encore
à Michel Touraille qui m'a découvert et porté jusqu'ici.
à Anne Lévy et Michel Pannier qui ont jonglé avec mes mots
à Jean-Louis Benoît qui m'a accueilli dans ses murs.
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