Ce matin-là…

Quand un récit commence par ce matin-là, il s’agit toujours du matin fatal ou s’entrechoquent les coïncidences… mais ce matin-là… il ne se passa rien… rien du tout… ce qui tend à prouver que ce texte est extraordinaire…

Ce matin-là, une question planait en douce sur l’oreiller d’un homme de lettres…

Comment définir qui je suis et imposer, à ma disparition, les termes qui vont qualifier l’homme que je fus… alors que les éditeurs, tout comme mes amis, ne me lisent pas.

Réponses spontanées…

Poète maudit… est assez jubilatoire et comblerait ma descendance.

Idée séduisante car elle peut engendrer le storytelling qui rend immortel... mais Poète me semble restrictif (même je préfère poète à plumitif, écrivant ou écrivassier) et inexact puisque je suis plutôt auteur polygraphe (ni détecteur de mensonge ni polymathe).et Maudit évoque l’exécration et la colère divine alors que je ne crois en rien de divin.

Raté de génie… conviendrait mieux à mon humour et mon égo.

Mais Raté n’est supportable que si l’on précise qu’il ne concerne que le domaine de la création écrite en précisant que mon ratage est celui d’un talent ni détecté ni vanté par les médias. Le reste de ma vie comporte des aléas mais non des ratages…

et Génie n’est peut-être chez moi que mémoire (et là nous ne sommes pas tous égaux)… et art de l’assemblage des mots qui font remonter des sensations, plaisir de jouer comme un enfant pour séduire en touchant les zones dites sensibles.  

Comme Poète de génie et Maudit raté ne s’accordent pas non plus à mon esprit, mon caractère… il ne me reste plus qu’à écrire/remplir – en jouissant à l’avance de la surprise des lecteurs du futur – une grande malle virtuelle qui restera flottante sur tous les réseaux et que des webaccrocs lettrés découvriront par erreur/hasard après ma mort.