Synopsis court-métrage - Amygdales

William Radet

Idée de court-métrage

Amygdales

 

 

Un petit garçon devant une grande maison grise.

 

Une voiture... une frégate verte, se gare directement dans la cour pavée. Surprise.

Les enfants du coin se regardent et s’enfuient. Les parents derrière les rideaux.

Un homme ouvre la portière, un monsieur.

Cheveux tirés en arrière, costume gris clair croisé : la classe. Deux belles dames descendent aussi. Elles étaient assises à l’arrière. Elles sont plus jeunes et un peu moins riches.

 

Elles s’approchent du petit « Bonjour mon bonhomme ! »

Leurs mains touchent la tête du petit. Le monsieur s’accroupit  et lui me pince les joues en souriant, se relève et tend la main vers la maman qui arrive.

Elle semble un peu timide, la  maman. Elle n’est pas du même monde.

 

Tout le monde entre dans la maison, dans la cuisine.

Le monsieur demande une bassine et de l’eau bouillie. Il y en a toujours une sur la cuisinière. Les dames ôtent leur manteau et ouvrent une mallette.

Le petit ne bouge pas. Il ne comprend rien.

 

Sa Maman ne le regarde pas, elle parle au monsieur en lui disant « Docteur ».

 

Une demoiselle endosse une blouse blanche sans ceinture.

L’autre place le petit debout sur une chaise et commence à le déshabiller.

Elle dit «  Je m’appelle Jocelyne » L’autre dit « Tu es bien mignon ».

Il pisse tout debout sur la chaise. Il bégaie.

 

Le monsieur Docteur a placé une autre chaise face à la porte vitrée, là où il y a la meilleure lumière à cette heure-là. L’enfant la reçoit en pleine face.

La femme en blouse blanche l’attache au dossier de la chaise avec des lanières de cuir. Il crie.

La Maman ne dit rien puis elle dit « C’est rien ».

L’enfant a des regards affolés vers la porte. Il repisse encore.

La Maman dit « Dis bonjour au docteur, tu verras, il ne te fera pas mal ».

Les demoiselles sourient comme des anges, mais il reste très inquiet.

Elles  approchent un truc tout brillant, nickelé près de sa bouche.

Il voit que le monsieur Docteur à la frégate porte maintenant une veste blanche.

Il a une sorte de pince à main. L’enfant s’endort.

 

Quand il me réveille, tout le monde est parti.  Il est seul dans un grand lit dans une grande chambre. Tout est rouge. Les draps sont pleins de sang.

Il a du sang plein la bouche, ça coule encore, avec des caillots au bord des lèvres.

Il ne crie pas. Il semble se résigner à mourir tranquillement

Sa sœur qu’il n’avait pas vue hurle « Il est réveillé ! »

Sa mère arrive. « Tu vas être tranquille maintenant, tu n’auras plus mal à la gorge, le docteur t’a opéré des amygdales et des végétations. C’est fini. Demain, tu ne saigneras plus. »

 

Gros plan sur la bouche qui saigne puis sur les yeux de l’enfant.

FIN

   


Cette idée de court-métrage s’inspire d’un passage de mon roman « Un flou dangereux » 

            Je suis petit, pas trop petit...

            Une voiture... une frégate verte, lentille d’eau exactement, avec des pneus à flans blancs... se gare directement dans la cour pavée. Surprise. Les enfants du coin regardent aussi. Les parents derrière les rideaux. Un homme ouvre la portière, un monsieur. Cheveux tirés en arrière, costume gris clair croisé : la classe. Je ne savais pas que c’était la classe. J’avais quatre ans peut-être... Deux belles dames descendent aussi. Elles étaient assises à l’arrière. Elles sont plus jeunes et un peu moins riches, mais tout de même... Elles viennent vers moi « Bonjour mon bonhomme ! »... leurs mains douces sur ma tête. Le monsieur s’accroupit devant moi, me pince les joues en souriant comme Zorro, se relève et tend la main vers ma maman qui arrive. Elle semble un peu timide, maman. Elle n’est pas du même monde, je le sens. Mon père n’est pas là. Il fait doux. Tout le monde entre dans la maison, dans la cuisine. On faisait tout dans la cuisine, à cette époque. Le monsieur demande une bassine et de l’eau bouillie. Il y en a toujours sur la cuisinière. Les dames qui ôtent leur manteau maintenant font plutôt demoiselles ; elles ouvrent une mallette. Je ne bouge pas. Je ne comprends rien. Maman ne me regarde pas, elle parle au monsieur en lui disant « Docteur ». Une demoiselle endosse une blouse blanche sans ceinture, l’autre me demande de monter debout sur une chaise et commence à me déshabiller. Elle me dit qu’elle s’appelle Jocelyne et que je suis bien mignon. Je pisse tout debout sur la chaise. Je bégaie. Je bégayais beaucoup à l’époque, mais là, c’est plus. Le monsieur a placé une autre chaise face à la porte vitrée, là où il y a la meilleure lumière à cette heure-là. Cette lumière, je la reçois en pleine face lorsque la femme en blouse blanche m’attache dessus avec des lanières de cuir. Je crie.

            Maman ne dit rien ou elle dit « C’est rien ». Mon père ne rentre pas. Je repisse encore. Ma mère me dit « Dis bonjour au docteur, tu verras, il ne te fera pas mal ». Les femmes sourient comme des anges, mais je crois que c’est pas des anges, surtout parce qu’elles  approchent un truc tout brillant, nickelé près de ma bouche. J’ai juste le temps de voir que le monsieur à la frégate à une sorte de pince à main et qu’il a aussi une veste blanche et je m’évanouis, enfin, je m’endors. Quand je me réveille, tout le monde est parti,  je suis seul dans le grand lit de la grande chambre. Tout est rouge. Les draps sont pleins de sang. J’ai du sang plein la bouche, ça coule encore, avec des caillots au bord des lèvres. Je ne crie pas. Je ne suis pas mort du tout... juste ce sang... allez, je vais me vider tranquillement... je me sens très mou, très flou. Ma sœur que je n’avais pas vue hurle « Il est réveillé ! » Ma mère arrive. « Tu vas être tranquille maintenant, tu n’auras plus mal à la gorge, le docteur t’a opéré des amygdales et des végétations. C’est fini. Demain, tu ne saigneras plus. »

            Pour un rhume, elle n’aurait jamais dû laisser faire ça ; mon père non plus. A mon frère, on ne lui a pas fait !

 

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