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4. TEXTICULES  5 ... Caligaris - Leprest

Une lumière qui nous éclaire sans nous aveugler.

Nicole Caligaris, écrivaine attachante m'a inspiré ce petit texte carrément solide.

On peut autant s'intéresser au propos que se passionner pour la construction littéraire 

de son ressenti sur  les sculptures de Hubert Duprat.

 

 

 

 

William - Leprest

 

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Rédigé par William Radet

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Texte paru dans la Revue  sur le net HORS-SOL 

http://hors-sol.net/revue/william-radet-le-trouble-et-le-flou/ 

 

Le trouble et le flou

Quelques bribes folles ou molles saisies lors d’une rencontre improbable et fortuite.  

 Le Général Instin et Le Flou… à peine discernables dans un petit brouillard laiteux.                                                             

J’étais assis sur une pierre tombale particulièrement avenante…                                                à contempler le crépuscule. Le dernier étage de la tour s’embrumait mollement.

Une douce torpeur m’envahissait tout tandis qu’une douce grisaille noyait la ville.                       Je baignais dans le coton avec une envie sourde de mourir en souplesse, ici, de suite.

Mon Nagra dormait contre ma cuisse. Fidèle… L’idée me vint aussi de rester aussi tard que possible pour capter les sons   qui peuplent un cimetière dans la nuit.

Mon capteur/enregistreur diabolique en action, un casque sur les pavillons, j’attendais… Me suis-assoupi ? Toujours est-il que mes sens furent soudain en alerte.                                 Un bourdonnement singulier semblait venir d’une masse à peine plus sombre que le brouillard et en augmentant la capacité de réception je perçus des voix…

Deux voix sourdes, équilibrées, posées. Depuis quand parlaient-elles ?

 

LE FLOU  
« Le génie, la puissance inventive et génératrice, suppose que l’homme laisse vivre en lui les deux sexes de l’esprit : l’instinct des simples et la réflexion des sages… qu’il soit en quelque sorte homme et femme, enfant et mûr, barbare et civilisé, peuple et aristocrate. » 

                                                                         Michelet. Jules… à peu près. Je raccourcis.

Général INSTIN 
Un génie ne saurait être flou… Je vous ai peut-être un peu vite attribué des qualités extrêmes, tout ébaubi que j’étais de voir et de lire avec quelle adresse vous détournez les choses les plus nettes, le plus évidentes… Un génie ne saurait être flou…

LE FLOU  
Pas plus qu’il ne saurait être trouble…                                                                       
Rien dans ce monde n’est ni clair ni net ; vous le savez bien, Général.
… Je ne dis point Mon Général… Tout simplement parce je ne possède aucun titre de propriété sur un homme en général… Ni en particulier d’ailleurs.

C’est net.
Si j’ai quelque génie ma foi, c’est de savoir détecter le flou partout et de le montrer                 pour qu’on perçoive mieux le flou des choses.

Général INSTIN 
Vous m’expliquerez ça.

LE FLOU  
Alors que votre génie s’est épanoui dans le trouble…

Général INSTIN 

Je ne saisis pas bien où vous voulez en venir, même si cela nous rend un peu confrères…  Nous sommes un peu des spécialistes, chacun à sa façon, du mystère mou, du non-dit, du mal vu, de l’ambiguité.

LE FLOU  
Quand vous dites mal vu, vous voulez dire brouillé…

Général INSTIN 
Votre marotte de la polysémie vous perdra… brouillé comme le regard trouble, brouillé par le flou…

LE FLOU  
Votre marotte à vous c’est de brouiller les cartes… de troubler, de faire surgir les conjectures.
Vous avez commencé tôt ? Ne répondez pas !
Votre réponse serait floue et je serais trop à l’aise dans son détournement.
On ne naît pas troublant. Donc vous l’êtes devenu.
Par quel cheminement êtes-vous parvenu à une telle maîtrise du trouble ?

Général INSTIN 
J’étais jeune savez-vous…

LE FLOU  
Mais vous l’êtes resté !

Général INSTIN 
La flagornerie n’est guère floue. Elle est toujours nettement intéressée et vous me flattez pour que je reste clairement en phase avec la mémoire de ma jeunesse et que je me livre à vous.   Libre à vous, mais si je vous conte quelques secrets, c’est que vous me semble de les recevoir sans vous troubler.

LE FLOU  
Il m’en faut beaucoup plus pour me troubler, pour déranger mon système.
L’idée même de découvrir la genèse de votre génie de la dissimulation programmée         simultanément visible et incontrôlée m’intrigue et m’invite à la jubilation confraternelle. Donc…

Général INSTIN 
Donc rien. Rien. Rien de rien. Un piaf. J’étais jeune je savais guère où me situer… Rien.

LE FLOU  
Le rien n’est-il pas le terreau le plus propice à l’émergence des idées les plus folles… ?

Général INSTIN 
Rien chez moi n’évoquait la folie… Le plus fort est que j’avais en mon faible intérieur   une forte propension à détester le désordre, le trouble…

LE FLOU  
Au même âge probablement… j’ai crié très fort dans mon faible intérieur                                « Y-a-il une âme qui vive ? » et je suis resté sur le qui-vive.

Général INSTIN 
Ne m’interrompez pas. Vous me feriez perdre le fil.

LE FLOU  
C’est pour cette même raison que je vous ai interrompu. Un fil. Pardonnez-moi.
Au même âge probablement… on me disait « Arrête de parler de toi ! »                                     et je répondais « Oui, mais quand j’arrête, les autres parlent d’eux ! » Je vous écoute.

Général INSTIN 
Je ne me complaisais que dans un certain ordre des choses tout en donnant l’apparence extérieure d’un doux désordre qui désorientait ma bourgeoise famille.
Imaginez la surprise de mon père  répétant à l’envi « Adolph est bon à rien » quand j’ai manifesté clairement mon désir d’épouser une carrière militaire.
Les recruteurs en képi possédaient-ils des dons de divination ?                                           Toujours est-il que dès ma première mission on m’expédia dans des régions improbables pour mater par la force les troubles permanents qui perturbaient la stabilité politique.

LE FLOU  
Votre premier contact avec le trouble…

Général INSTIN 
Je n’avais connu que certains des troubles bénins d’un tout autre genre. Adèle…
Toujours est-il que c’est là, au contact direct sur le terrain que les fauteurs de troubles me sont devenus familiers. Leurs actions maladroites et floues étaient animées par un sens de la justice si sincère que, je dois le reconnaître, j’ai été touché. Tous ces agités qui troublaient l’ordre établi, l’ordre artificiel !

LE FLOU  
Vous en avez donc conclu que le désordre était plus juste !

Général INSTIN 
Exactement. Plus juste que l’ordre général.

LE FLOU  
Plus juste que l’ordre, Général !

Général INSTIN 
J’ai analysé avec beaucoup d’attention la moindre des situations troubles que je combattais sur ordre supérieur. Après la consternation, la découverte. Une ferme et intime conviction.        Mon envie la plus sourde, la plus profonde, ma position morale la plus naturelle 

maintenir l’ordre du désordre.

LE FLOU   
Le désordre nécessaire…

Général INSTIN 
C’est à ce moment-là que nous nous sommes rencontrés !

LE FLOU  
Je me souviens. C’était dans un château des Carpates… Vous fêtiez votre promotion.

Général INSTIN 
Et vous êtes passé par hasard ? Vous ne vous êtes jamais expliqué.
Je vous ai vu entrer dans la salle de bal.
Vous aviez un petit sourire à la 4,95… pas tout à fait cinq…
Et vous avez invité ma cavalière à danser… et tout est devenu flou tout à coup.
J’ai bien vu que vous semiez le trouble, je m’y connais. Et pour elle, un ravissement…

LE FLOU  
… comme celui de Lol V. Stein allez-vous me dire. Son histoire était encore inimaginable   même si Freud commençait à faire des siennes, même si Proust piaffait devant ses aubépines…

Général INSTIN 
… et toute les choses guidées, dirigées, ordonnées pour la fête avec une minutie et un sens du détail bien rare en cette époque troublée sont devenues molles, folles, folles et molles.
Vous arriviez en trouble-fête et vous étiez accueilli comme un ami de toujours.
Vous apportiez avec vous un flou… artistique, insaisissable, indéfinissable.

LE FLOU  
Je mène une vie de flou. C’est une vocation.

Général INSTIN 
Vous ne m’avez jamais adressé la parole. Vous n’aviez d’yeux que pour les femmes.

LE FLOU  
Elles saisissent mieux l’importance du flou. Sa part esthétique. Sa part de rêve.

Général INSTIN 
Et elles provoquent le trouble, en général !

LE FLOU  
Je vous observais… Je vous observe depuis longtemps.

Tout homme peut voir, très peu savent toucher. Je ne sais plus qui a dit ça.
Considérons que cette maxime vaut pour nous deux.

Silence un peu long.
J’ai cru un instant que Négrita (le doux nom que j’attribue à ma machine à capter) était en rade… 
Puis la voix du général…

Général INSTIN 
Voulez-vous parler plus fort, mon cher, je ne vous comprends plus.
Votre voix monocorde devient un souffle. Plombée.

LE FLOU  
Je ne dirai rien de votre voix d’outre-tombe.

Général INSTIN 
Vous êtes bien le seul à la percevoir en direct.

 

LE FLOU  
Performance exceptionnelle que celle d’une voix disparue qui se fait toujours entendre.
Je vous envie parfois. Etre connu sur la planète au travers d’étranges réseaux…
Susciter l’intérêt, la haine peut-être, la consternation, la crainte… la curiosité…

Général INSTIN 
Mon but est pourtant simple : provoquer chez les humains                                                         a) d’abord l’expectative
b) puis le doute                
c) vers une prise de conscience
c) pour une révolte pacifique

LE FLOU  
En somme nous faisons la même chose avec des moyens différents.
Je suis le fou du roi, j’amuse gravement tandis que vous faites une drôle d’éminence grise.

Général INSTIN 
Et nous souhaitons tous deux la chute du roi. Ha ha

LE FLOU  
Sans être des génies nous sommes des trublions. Finalement nous utilisons tous les deux des techniques de communication et manipulation qui tiennent compte de toutes les dualités : homme et femme, enfant et mûr, barbare et civilisé, peuple et aristocrate.

Général INSTIN 
Vous l’avez déjà dit… mais à chacun sa méthode.
Vous ne me ferez pas revenir en pleine lumière, pas plus que ne consentirais à vos jeux   même si je sais que leur apparence puérile est un doux leurre.

LE FLOU  
Contre la douleur.                                                                                                                         Le flou adoucit les contours… estompe les arêtes, amollit les angles, qu’ils soient droits ou aigus… adoucit la rigueur prétentieuse de certains concepts.  
Le flou, c’est l’imprécision volontaire pour lutter contre la transparence.
Le trouble a des effets presque identiques à ceux de l’ironie…                                                   Il pousse à l’interrogation, à la recherche de l’au-delà des apparences.

Général INSTIN 
Le trouble s’accommode aisément de l’ombre et peut même s’accentuer dans la nuit tandis que le flou disparaît. Fondu au noir.

LE FLOU  
« Dans le noir, on y voit plus clair » disait Thomas Bernhard…
Une ultime question saugrenue, Général…
Vous qui êtes familier d’un lieu où se côtoient tant de gens célèbres…
Savez-vous pourquoi la tombe de Sartre est jonchée de tickets de métro ?                        
La vôtre provoque bien plus de sidération et questionnements.

Votre front derrière les craquellements attire irrésistiblement les scripteurs qui viennent ici pour se faire démasquer…

Général INSTIN 
Ne sont pas encore nés ceux qui déchiffreront le sens réel de tout ça.
Quelques-uns y casseront leur plume… D’autres vont jeter l’encre.
Je les attends.

« Il n’est pas nécessaire que tu sortes de ta maison. Reste à table et écoute.
N’écoute même pas, sois absolument silencieux et seul.
Le monde viendra s’offrir à toi pour que tu le démasques. »         Kafka.

LE FLOU  
Mais à en croire tous les pseudo-détectives qui sont à votre recherche ici-bas, vous êtes ici, ici ou là, là ou ailleurs. Vous êtes partout ! Certains milieux dits biens informés affirment même que vous dirigez la 22ème division secrète.

Général INSTIN 
Je cultive une certaine ubiquité…                                                                                           L’ambigüité ne semble pas suffisante pour servir ma mission fondamentale, celle que vous devinez…
Bon. Je crois qu’il est temps de regagner nos univers respectifs. Le brouillard s’épaissit.
Au revoir Monsieur…

LE FLOU  
Au plaisir d’une autre rencontre du même type, Monsieur… Au revoir…

J’ai coupé mon Nagra, je l’ai couché dans sa sacoche
Je suis resté longtemps immobile.
Après un temps improbable,  j’ai pensé qu’au studio on me prendrait pour un dingue                 et que mon truc ne  serait jamais diffusé mais j’ai ressorti mon Nagra pour noter à voix basse :

Le devenir du monde dépend plus que jamais du trouble et du flou…
Les femmes et les hommes doivent apprendre à vivre dans le trouble et le flou,
à gérer l’incertitude et à appréhender la complexité croissante du monde engendrée par une évolution technologique mille fois plus rapide que l’évolution des cerveaux…  mais qui ne freine en rien une barbarie montante d’un type indéfinissable ».

                                                                                                      Paris le 23 février 2012

FIN

Texte paru dans la Revue  sur le net HORS-SOL 

http://hors-sol.net/revue/william-radet-le-trouble-et-le-flou/  

 

 

Sur la tombe du Général Instin

Hommage manqué.

 

Je dois vous l’avouer aujourd’hui… 

A l’heure grise du dernier jour des morts une pulsion irrépressible m’a conduit à l’entrée du cimetière où gît Notre Général… 

Quand je suis parvenu, essoufflé, ému et tendu, une foule était déjà massée devant la grille.   Tous avaient dû, comme moi, percevoir du fond de leurs pauvres tripes le vibrant et émouvant appel du trouble génie.

Passage impossible. 

Aurais-je du battre, bousculer ces faux-frères virtuels pour parvenir au bord de la pierre     vénérée ? Les frapper du gros livre que j’avais en main (Anatomie de la mélancolie) pour me frayer un passage ?

Je le confesse ce matin, ma timidité perpétuelle alliée de ma lâcheté naturelle m’ont conduit à rebrousser chemin… Jusqu’à la terrasse du Sélect.

Encore tout retourné de ma fuite je me suis assis par mégarde à la table d’une jeune femme seule. (L’instinct ne m’a conduit jamais vers les très vieilles.)

Pleine d’humour elle a dit « Vous prendrez un demi ? »                                                       

J’ai répondu gravement « Oui. La mousse en dessous. Merci ».                                          Tenez-vous le pour dit : il n’entre pas dans mon projet matutinal de vous conter la suite de cette rencontre.

Mousse.

Ce mot me remonte à cette aube grise et l’envie me taraude de retourner sur la tombe… d’y gratter la verte intruse proliférante qui a osé planter ses molles griffes sur la pierre vénérée, profitant de l’humidité et de la désertion hivernale des soldats du général.

Tiens ! J’irai jeudi ! 

Je reprends un morceau de brioche et une once de confiture de rhubarbe pour fêter le retour de ma fermeté intérieure. 

Mon for intérieur n’opine pas… Il dodeline même (si !) et me souffle (si !) que jeudi c’est la Saint-Valentin et qu’un nouveau barrage obstruera la grille du cimetière...
Pourquoi ? Parce que toutes les amoureuses du général seront là !

Je n’y avait pas pensé. Tant pis ! Je ne suis pas si faible que mon for le prétend.                            J’irai ! Je passerai devant le Sélect (au cas où…)                                                                             et j’irai ensuite prendre un verre au Rosebud à la santé de Notre Général.

 

William Radet                                                                                          

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Pour faire l'homme-lettre

il faut caser des e... 

 


Estelle esthète

 

Perplexe, elle émerge de ce rêve éphémère et complexe :

« Le zèbre vergé lèche tendrement le nègre berger et prête serment de ne vénérer que le svelte serpent pervers et vénéneux que prêtresse négresse presse en ce ventre d’ébène ».

Estelle déteste se lever. Lentement, elle se redresse, échevelée, s’étend, se détend, et cherche le léger réflexe que les ténèbres mettent en réserve.

Elle sent l’élément présent, se déclenche, enlève bretelles et quelque frêle dentelle éphémère, et semble se bercer, dextre leste et légère vers ce sexe éternel et trempé.

Elle tremble, pense semence, démence, enferme en ses lèvres le verbe secret enflé, se déleste, déverse cette semence de déesse vers le sceptre d’ébène espéré.

Effervescente Estelle est-elle.

Excellente et belle, même très belle, experte en tendresse... réellement.

Cette femme tellement réservée s’éprend de gemmes et d’ensembles délétères, déferle et enterre détresse et sentences.

Elle semble perle, gerbe née de l’été, sphère délestée, céleste repère, temple, venelle, pêle-mêle détente, défense et rebelle.

Et de verre en verre et en verve, elle décentre, excentre, dépèce, dépense, reflète, herse, redresse, repère, reperd, enlève, élève, mère du vert, prêtresse emmerdée de dèche, grevée, crevée et perplexe.

Préserve à perpette le repère zen, crèche de messe, de gestes et de sens.

Femme nette.

 

 

Démence secrète

 

Éméché et désespéré, je me défenestre...
et déferlent d’emblée ces bêlements de femme-chèvre démente
penchée vers l’éjecté… vexée d’être exempte de messe.

Elle serre les fesses, resserre ses nerfs et descend vers ce mec presque crevé.

Elle cherche le sens de ce geste, erre, et même ses repères se perdent.

Elle est emmerdée… 
et germent présentement des pensées mêlées de références démentes.

Se délecte en degrés de tendresse, de trêve encrée de réel, de sperme, de respect, de frêles rêves... et zestes de légendes que l’enfer reflète et réserve en secret.

Sèche, enfermée, elle cherche, écrème, démêle... et stresse, terne émerge...

Perles de spleen... 

 

 

 

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Reluque

Une robe verte flotte dans ma nuque.
Là-bas, sous le soleil, des eunuques
se moquent des femmes qui les reluquent.

La robe verte se déchire dans ma nuque.
Les femmes aguichent les eunuques
qui s’amusent qu’on les reluque.

Une cuisse apparaît dans ma nuque.
Un sein jaillit vers les eunuques,
une femme attend qu’on la reluque.

La robe tombe dans ma nuque.
Les femmes sont nues pour les eunuques
qui s’étonnent et qui reluquent.

Tu me caresses derrière la nuque.
Que vont penser les eunuques
des culs des femmes qui les reluquent ?

Déjà, ta main quitte ma nuque.
La peur s’empare des eunuques,
les femmes entre elles se reluquent.

Tu ne regardes plus ma nuque.
Les femmes se moquent des eunuques,
leurs seins, leurs ventres elles se reluquent.

Entre mes cuisses tu reluques.
Tu vois petite, je suis eunuque,
caresse tout de même ma nuque.

 

Suspens a le temps...

Habillée de peaux mortes
Elle remonte les Champs
Et la robe qu’elle porte
est toute tachée de sang
La lumière est trop forte
Qui lui rentre dedans

Et moi derrière la porte
J’attends !

 

Quasiment caïmans

Une belle Hottentote
Aux formes rubicondes
S’avance vers la flotte
Où caïmans abondent

La belle Hottentote
Revient du grand monde
Parmi les plolyglottes
Les caïmans se répondent

 

Drôle de drame

On se retrouve comme deux vieux cons
dans les draps d’un hôtel minable
et toi tu tires sur l’édredon
il fait un froid épouvantable

Tu vois Jojo, c’que t’aurais du
toi qui connaissait du monde
c’était d’monter un nigth

Tu vois Jojo, si j’aurais su
j’aurais posé comme la Joconde
maintenant où veux-tu qu’on aille

On est là à se crêper le chignon
au fond d’un lit abominable
on s’aperçoit qu’on est marron
pour reconstruire quelle rigolade

Tu vois Jojo, c’que t’aurais du
toi qu’a pas peur des mots
c’était d’écrire la Bible

Tu vois Jojo, si j’aurais su
j’aurais fait un marmot
tout rose comme dans les livres

Totoche ! passe-moi la bouteille
et tais-toi, la foule n’a pas d’oreille !

 

Les égouts et les couleuvres

Hommes de mauvais goût
dont la cervelle est un égout,
vous, tristes gens
dont le cœur est transparent,
si de la plume vous êtes invalides
restez à jamais chrysalides.

Que deviendraient nos créateurs ,
nos rédacteurs, nos designeurs ?
Aimeriez-vous que deviennent chômeurs
à cause de vous tous les menteurs 
qui vous vendent du génie
qui monayent mille folies ?

Homme de bon sens
puisque ta vie n’a aucun sens
ne cherche pas le chef-d’œuvre
comme le chat et la couleuvre
ne tourne pas en rond
couche-toi et fait ronron

 

Laque

Sur un lac pelé
Des nénuphars décollés
Découvrent des carrés bleu profond
Et mes yeux trempent jusqu’au fond

Sur un lac pelé
Ma barque a dérivé

Sur des courants profonds
Ma peur traîne jusqu’au fond

Sur le lac cuivré
Un soleil bien tôt couché

Caresse d’un rouge profond
Les vagues qui se défont

Dans mon cerveau gelé
Le soleil glisse cuivré

Sur des carrés bleu profond
Et les rougit vers le fond

Dans mon crâne pelé
Les plaques vertes décollées

Des nénuphars qui se défont
Pénètrent jusqu’au fond

 

A la traîne

Je traîne ma tête lourde
dans les rues surpeuplées
où les oreilles sont sourdes
et les voix baillonnées

Je traîne mes jambes lourdes
dans l’impasse mal famée
où les pensées s’embourbent
et les chants mutilés

Je traîne mon âme gourde
dans les ruelles étouffées
où les silhouettes sont courbes
et les yeux fatigués

Je traîne ma plainte sourde
dans les trains essouflés
où les femmes se poudrent
et sont fac-similés

Je traîne… je traîne…

 

 

Parfois, souvent

Parfois je rêve d’être vieux
d’avoir la paix au fond des yeux
Souvent je rêve d’être un vieillard
un petit père peinard
De minutes en minutes sur mon banc
s’écouleraient des jours lents… lents…

Ignorant la révolte intérieure
qui vous bouffe le cœur
et la jeunesse
Ignorant la passion et la peur
qui vous arrachent les pleurs
et la tendresse

Parfois je rêve d’être un enfant
qui vit sa vie gaiement
Souvent je rêve que j’suis tout p’tit
que ma mère me sourit
me regarde tendrement
et que ça dure longtemps

Ignorant tout des plaies du monde
qui vous bouffent le cœur
et la jeunesse
Ignorant tout de la guerre immonde
qui vous arrachent les pleurs
et la tendresse

Parfois je rêve que je suis moi
je me découvre avec émoi
Souvent je rêve que je suis beau
qu’on me vénère comme un héros
que je suis un génie
qui sait tout de la vie

Ignorant le poids de ma sottise
l’ampleur de ma bêtise
et tout du reste

Ignorant que je suis un raté
que ma réalité
n’est que bassesse

Mais lâchez-moi !
Mais je rêve…
Plus le droit de rêver ?
Alors la liberté
C’était aussi un rêve ?

Lunchez-moi !

 

 

 

Reluque

 

Une robe verte flotte dans ma nuque.

Là-bas, sous le soleil, des eunuques

se moquent des femmes qui les reluquent.

 

La robe verte se déchire dans ma nuque.

Les femmes aguichent les eunuques

qui s’amusent qu’on les reluque.

 

Une cuisse apparaît dans ma nuque.

Un sein jaillit vers les eunuques,

une femme attend qu’on la reluque.

 

La robe tombe dans ma nuque.

Les femmes sont nues pour les eunuques

qui s’étonnent et qui reluquent.

 

Tu me caresses derrière la nuque.

Que vont penser les eunuques

des culs des femmes qui les reluquent ?

 

Déjà, ta main quitte ma nuque.

La peur s’empare des eunuques,

les femmes entre elles se reluquent.

 

Tu ne regardes plus ma nuque.

Les femmes se moquent des eunuques,

leurs seins, leurs ventres elles se reluquent.

 

Entre mes cuisses tu reluques.

Tu vois petite, je suis eunuque,

caresse tout de même ma nuque.

 

HEHO !

 

Sur le dos
le ventre à l’air
un poisson flotte
presque mort

Sur le dos
le ventre à l’air
dans mon salon je flotte
vers la mort

Tout là-haut un halo
tout autour des bibelots
qui flottent
qui fument

Dans cette brume je crève
comme un ballon
comme un poisson
sans eau

Une jambe sans bas
m’enjambe
et je vois
la grande ourse
et la source
de l’émoi

Et c’est moi
qui nage
comme un salaud
qui baigne
dans un boyau
où les rêves meurent
sans ô

Allo !
je sursaute
sur mes reins
et ses seins
qui gonflent
par téléphone
me rendent aphone

Des bas crissent
dans mes oreilles
et se crispent
mes orteils

Le poisson frétille
Le poison pétille

Une voix cherche sa voix jusqu’à moi
et murmure comme un cyanure…

« L…S…D…
vol à destination du néant…
les rêveurs sans possession de leurs idées
sont priés de gagner l’entrée
de l’infini… fini… fini…fini…   FINI ! »

 

 

Style et plume

 

Je prends ma plume.

Le fleuve bleu s’étire sur dix huit carats dorés
et se jette, encore plus bleu, du bec au vélin,
pour devenir mer de mots toujours plus bleus, plus verts, plus noirs.

La couleur des mots n’est pas la couleur du fleuve.
L’encre m’aide à jeter l’ancre.

Canaux grammairiens aux confluents des pensées
dont la précision du débit charme toujours plus
que les alluvions de la parole.

Le fleuve est magique sur le papier
mais le bleu des mots n’égale jamais les bleus du cœur

Plongez dans mon fleuve
suivez mon courant
je vous prête ma barque.

Si la profondeur vous manque
sautez d’un mot à l’autre
comme sur les pierres d’un ruisseau.

* ce texte était une réponse de remerciement 
   destinée à une dame qui m’avait offert un stylo plume

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Rédigé par William Radet

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L’enfance,

c’est pas du nougat

 

J’ai un canif dans ma poche !

et si jamais tu t’approches,

j’te pique !

 

T’as un élastique ?

Non, non… pas d’élastique

J’aime pas

l’élastique, j’aime pas

ça cingle !

 

Mais il est cinglé

il est fou

il est dingue

gelé

fin saoul

frapadingue !

 

Un pauv’ caoutchouc

contre un canif

mais mon pauv’ chou

tu n’es qu’une chiffe !

 

Toi, si tu t’approches

j’te fais une poche

dans l’estomac !

 

T’as du nougat ?

Excuse-moi

Je voulais pas…

Mon canif contre ton nougat !

 

Harg ! Raaa…

 

Regarde ton estomac

et digère ton canif et mon nougat !

 

 

La morsure

la mort sûre

 

Curieuse, cette envie…

cette envie furieuse qu’elle a de mordre.

 

Envie de femme étreinte,

envie de femme-empreinte…

Empreintes de dents… empreintes dedans...

Sa marque !

Intégration, possession par absorption, succion.

Peur !!? d’une disparition, d’une déglutition.

 

Il pénètre mais il ressort toujours...

Le garder, le garder au chaud, au fond pour soi seule...                                           et le caresser, doux... doux... comme soie seule.

 

Conserver son odeur, son goût...

il est à l’amante ; il est à la mante

et, religieuse, l’adorer du plus profond de son culte...

 

Mais il ressort toujours... mais il s’enfuit toujours...

Elle se sent comme ta mère… Elle est amère.

 

 

 

Enfin le désert

 

Enfin. Je vis aux portes d’un désert...

Il n’y a que les dunes qui frémissent.

Il n’y a que les dunes qui se déplacent, sournoisement.

 

Les nuages ont déserté la grande toile bleue où l’on a peint un soleil inexorable.

 

Mes yeux fixent un carré de grains jaunes.

Un insecte, parfois, provoque des éboulements monstrueux et infinitésimaux.

Tant d’énergie...

 

Le bonheur absolu, invisible, indicible et silencieux,

rôde peut-être de l’autre côté des dunes...

mais le vent qui revient d’un long voyage

rapporte souvent les cris des hommes

qui se battent pour du sable...

 

 

Si tous les gars du monde…

 

Trois travelos du petit matin

s’en vont main dans la main

sur le boulevard Saint-Germain

 

Dans la lumière blafarde

se traitent de tocardes

et regardent pousser leur barbe

 

Dans sa robe violette

il s’appelle Ginette

boléro de dentelle

s’appelle-t-elle Estelle ?

 

La troisième en salopette

avec bretelles et paillettes

salopette de débardeur

sûr qu’il va décharger des fleurs

 

Quand sonnent les matines

à l’angle de la rue dauphine

ils font signe à trois copines

 

Six travelos du petit matin

se baisent doucement la main

et font les folles pour des riens

 

« Bon sang qu’elle est coquette

avec ses jeans sans braguette ! »

« Mais si, mais si, elle est derrière

j’peux la fermer en un éclair »

 

Et ça papote et ça parlotte

mes petits lapins en gibelotte

et les robes et les brillants, ça rutile

mon dieu mon dieu, qu’elles sont futiles !

 

Calmement je les suis

mais dans la rue de l’Ancienne-Comédie

ils se retournent, prises de folie

 

Six travelots du petit matin

se serrent très fort c’est certain

et poussent un cri inhumain

 

« Ciel, c'est elle ! »

 

Rue de Richelieu

 

Je suis un p’tit moineaux frileux

j’habite la rue de richelieu

et je vole comme je peux

chaque matin vers un p’tit vieux

qui m’donne du pain

pour assouvir ma faim

 

Je suis un pauvre petit vieux

j’habite loin en banlieue

et je cours comme je peux

chaque matin rue de Richelieu

là-bas je gagne mon pain

pour assouvir ma faim

 

J’suis un concierge valeureux

j’habite 27bis rue de Richelieu

chaque matin je guette un gueux

qui nourrit des moineaux miteux

dans mon café j’trempe jamais d’pain

j’suis au régime jusqu’à la fin

 

Par un jour pluvieux

le petit vieux trop vieux

resta dans sa banlieue

 

Le p’tit moineau frileux

quitta la rue de Richelieu

pour le rejoindre dans sa banlieue

 

Et le concierge mourut de jalousie

 

 

 

 

 

Les yeux de Valérie 

 

            J’ai vu les yeux de Valérie avant son départ pour l’Algérie, les tripes au ras des yeux, les yeux déjà au ras du désert… les yeux au ras de la lumière... celle qui vous envahit... qui vous plombe... qui vous envahit... qui...

            J’ai vu la main de Valérie à son retour d’Algérie, qui tremblait en tendant une image bleue... indicible bleu que des éclats de soleil avait déchiré, invincible bleu… bleu d’une sorte d’ombre... l’ombre que laisse un rêve éveillé venu en pleine lumière, à l’heure où les cailloux ont les joues creuses...

            A l’heure où les volets se ferment, où les fentes de ses yeux avaient perçu un je-ne-sais-quoi de plus... d’ailleurs... de plus habité dans la solitude.

          Les cadavres rougissaient sur le papier. Les mots déjà étranglés depuis longtemps dans les gorges mortes de désespoir ne cherchaient plus le chemin de l’évasion.

            Elles savaient ces gorges ouvertes sur le ciel et la mort , qui avaient rit dans les oliviers, que la planète avait les oreilles coupées, que le reste du monde regarderait bientôt les restes de l’Algérie pourrir, pour rire, sur des écrans surréalistes.

            Les mouches à la bouche contemplées par des hyènes qui ne connaissent du désert que l’esthétique glacée du papier, qui ne connaissent de l’Algérie que le regret des colonies, aux temps heureux ou les gorges chantaient… car les esclaves, monsieur, connaissent la chanson et les bourreaux connaissent la musique ! Le chant de la mort sera rentable ou ne sera pas !

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Rédigé par William Radet

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 TAJEL

Le lointain qui vient du ventre…

Un premier regard vous emmène là-bas. Quelque part…

Vous sentez alors sans pouvoir le situer que ce lointain délicieux est là, tout près,  tout contre vous. Il vient du ventre, il jaillit de l’intérieur de l’artiste.

La tripe aux yeux !

Ces yeux qui se laissent choir, qui plongent parce que leur place rêvée est au fond des choses…pour mieux cerner, capter, recréer avec une douce violence.

De la montagne Tajel ne retient pas les cimes coupantes, les pointes minérales        et les ciels bleus sans âme mais les vallées vertes et profondes, les courbes sombres.     On sent pourtant les reliefs jusque dans l’évasion brutale des roches, jusque dans la bourrasque qui bouscule la forêt.

La vie d’en bas, pleine, celle des petits hommes invisibles.

Le soleil se lève, émerge à l’horizon pour elle avec une grâce nonchalante.

Il sent encore un peu la terre. Il va s’ébrouer, éclater jusqu’à la fatigue pour  se fondre dans l’ombre brune encore chaude.

C’est le jour qui fait rêver et la nuit qui s’éveille…                                                           Peut-être parce que les oiseaux se sont tus.

Leur chant ne viendra pas troubler un concert de fruits aux notes colorées.

Silencieuse comme un jouet abandonné la voie ferrée serpente, nous aiguille vers des zones proches et inconnues.

Tajel a une hauteur de vue. Elle fait remonter le mystère, l’ineffable…

Jusqu’à ses sens qui guident sa main ferme vers une toile qui n’attend que ses matières et ses couleurs pour se plaquer sans vergogne sous vos regards.

Bonne nouvelle ! Elle est là, devant vous, claire et lumineuse…

Tajel s’approche, sensible jusqu’à devenir solide, dense, profonde.

Comme sa peinture.

                                                                                              William RADET

 

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    Son atelier est à Vallauris                Retrouvez-là aussi sur le web

 

 

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Gabrielle HOLLENSET

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                                                                                              William RADET278533 10150272063374805 824004804 7449293 4399593 o

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Rédigé par William radet

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